
La liberté de mouvement : mon parcours de DACA
Comment DACA m'a donné l'opportunité d'aider les autres et de faire en sorte que les sacrifices de mes parents comptent.
Avant l'annonce de l'action différée pour les arrivées d'enfants (DACA) en 2012, je passais tout mon temps à faire du bénévolat alors que j'étais inscrite au community college. Quand je repense à cette époque, je pense que j'avais besoin d'un exutoire pour toute l'énergie que j'avais en tant qu'étudiant. Mes parents ont toujours insisté sur l'importance de saisir toutes les opportunités - ils ont eux-mêmes fait leurs valises non pas une, mais deux fois, quittant leur pays natal de Guangzhou, en Chine, pour s'installer à Sonora, au Mexique (où je suis née !), puis du Mexique à Los Angeles, en Californie, sacrifiant tant de choses pendant ces années d'immigration pour suivre la voie qui nous ouvrirait le meilleur avenir, à mon frère et à moi.
Cependant, le revers de la médaille est que, comme ma famille est sans papiers, de nombreuses opportunités ne s'offraient pas à nous dans notre vie aux États-Unis.
Je me suis heurtée à des barrières institutionnelles qui m'ont empêchée de réaliser ce dont mes parents avaient rêvé pour leurs enfants - des possibilités illimitées pour peu que l'on fasse des efforts et que l'on travaille. Ils ont fait des petits boulots au noir à $3-4 de l'heure pour subvenir aux besoins de la famille et s'assurer que mon frère et moi puissions nous concentrer sur notre éducation, ce qui, selon eux, nous permettrait, à la prochaine génération, de nous créer une meilleure vie. Ils ont travaillé dur pour changer le cours de l'avenir pour nous, et ces sacrifices ont créé en moi une énergie frénétique pour y parvenir. Je faisais du bénévolat quelque part presque tous les jours, y compris les week-ends. Cela ne veut pas dire que le temps n'était pas précieux - au refuge local pour animaux, au refuge pour sans-abri, à l'hôpital, à la bibliothèque et au musée d'art asiatique, j'ai découvert que j'avais une passion pour la communauté, et j'ai pu mettre mon énergie à profit.

Je voulais faire partie de quelque chose, travailler et contribuer à ma communauté.
Je me suis beaucoup impliquée dans le musée, et mon rôle de bénévole s'est transformé en fondateur et animateur de leur programme d'été collège/musée. Un jour, mon superviseur m'a demandé quand j'obtiendrais mon diplôme pour savoir s'il pourrait m'embaucher au sein du personnel du musée. À ce moment-là, et à de nombreux autres moments semblables, je me suis sentie vulnérable et j'ai vu des portes apparemment à ma portée se fermer avant que je puisse en profiter. Je n'avais pas de papiers et ne pouvais pas travailler légalement aux États-Unis, ils ne pouvaient donc pas m'engager et me rémunérer pour mon travail. Je ne savais pas non plus si j'obtiendrais un jour mon diplôme, puisque je ne pouvais pas recevoir d'aide financière fédérale et que le transfert dans une université de quatre ans était financièrement hors de portée. Il était extrêmement difficile de lutter contre le sentiment que mes efforts à l'école et mon travail bénévole étaient vains.
DACA a tout changé.
Cette annonce a mis fin aux années de nuits blanches de ma mère, qui ressentait de la frustration et de la culpabilité pour notre statut - elle était courageuse pour elle-même et pour ses sacrifices, mais lorsqu'il s'agissait de ses enfants, elle ne pouvait pas supporter de nous voir dans une telle impasse. Mes parents ont rassemblé les $465 pour les frais de demande, ont sorti tous les dossiers qu'ils avaient si diligemment conservés et m'ont poussé à faire ma demande rapidement. Ma demande de DACA a été approuvée quelques mois plus tard. Presque immédiatement, la voie a été dégagée pour les choses qui m'empêchaient d'avancer. Comme le CA Dream Act a également été adopté peu après, j'ai pu bénéficier d'une aide financière. J'ai rempli les conditions requises pour être transférée tout en ayant deux emplois (j'avais enfin un numéro de sécurité sociale !), et j'ai obtenu mon permis de conduire/ma carte d'identité. Cela a eu un impact énorme sur mon état psychologique lorsque j'ai pu rejoindre des amis dans des endroits où il fallait passer une carte, lorsque j'ai reçu cette toute petite carte qui indiquait simplement et officiellement mon nom et ma date de naissance.

Maintenant, j'avais la liberté d'avancer. Et c'est ce que j'ai fait, en obtenant au printemps dernier un diplôme d'anthropologie de l'Université de Californie à Santa Cruz.
Après avoir participé au mouvement étudiant Dreamer, avoir appris les causes de l'inégalité dans le cadre de mes études et avoir suivi des stages dans des organisations à but non lucratif, je me sens obligée de sortir les DREAMers et les immigrants de l'ombre. Cela m'a amené à réfléchir à la question suivante : que pourraient être les gens s'ils n'avaient pas d'obstacles institutionnels ou économiques ? J'ai vu la même situation pour tant de personnes qui travaillent dur mais ne semblent jamais pouvoir rattraper leur retard, qu'il s'agisse de travailleurs horaires, d'anciens détenus ou de personnes se trouvant de l'autre côté du fossé racial. Alors comment ouvrir davantage de portes avec les programmes déjà en place ? Grâce à ma propre expérience et à celle de mes courageux camarades sans-papiers et de leurs familles, je peux constater de visu l'impact que des politiques comme DACA peuvent avoir comme solution. En permettant aux jeunes arrivants de travailler, de conduire et de vivre sans crainte d'être expulsés, le DACA nous permet de poursuivre nos rêves et nos aspirations.
Malgré la nouvelle décevante que les programmes DAPA et DACA+, qui auraient soulagé des milliers de personnes, continuent d'être bloqués par la Cour suprême, je pense qu'il y a du travail à faire pour s'assurer que le DACA bénéficie à autant de personnes éligibles que possible.
Travailler à Mission Asset Fund (MAF) aujourd'hui, après ce que j'ai vécu, c'est comme boucler la boucle. J'ai fait l'expérience de l'exclusion, mais j'ai été intégrée grâce à des programmes comme le DACA. Aujourd'hui, je suis légalement en mesure de travailler dans une organisation comme MAF, qui défend les intérêts des personnes les plus démunies. MAF est une organisation à but non lucratif qui fournit à la communauté des prêts sociaux pour le développement du crédit et une assistance financière pour les demandes de citoyenneté et de DACA. Le MAF est un endroit où les gens sont traités avec respect, quel que soit leur statut économique, d'immigration ou linguistique. Pour moi, travailler au MAF signifie que mon travail a un impact direct et tangible.
À la MAF, j'aide des gens qui travaillent dur à sortir de l'ombre et à faire partie de quelque chose, comme je l'avais moi-même si désespérément souhaité avant le DACA.
Ce billet a été écrit par Diana Wong, boursière DREAMSF à Mission Asset Fund.